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Dans la Caverne des BD, des bulles d’optimisme

Dans le cœur du XIIe arrondissement parisien, une librairie spécialisée dans la bande dessinée a ouvert entre les deux confinements. Et le succès est au rendez-vous.

Yves Chauvel, gérant de la Caverne des BD. (Crédits : Julie Renson Miquel).

Dans sa boutique du boulevard Diderot, Yves Chauvel s’affaire. En semaine, dans le ventre mou de la matinée, la “Caverne des BD” est pourtant pleine : les clients de tous âges viennent chercher la perle rare ou flâner devant les étagères. Des discussions de passionnés se lancent devant le comptoir de la librairie parisienne. On y parle de l’amitié entre Hayao Miyazaki et Jean Giraud-Moebius, des adaptations dessinées du 1984 de George Orwell, ou encore du prochain opus illustré de Vernon Subutex, de Virginie Despentes et Luz.


Une bande dessinée en grande forme


Accéder à une vie culturelle confinée, faute de mieux : c’est probablement la réflexion qui a frappé les Français, au cœur d’un 2020 paranormal. Et au jeu du passage à domicile, c’est la bande dessinée qui triomphe : 6% de chiffre d’affaires en plus par rapport à 2019 ! Et 53 millions d’albums vendus dans le pays, d’après une étude de l’institut GfK publiée jeudi 28 janvier. Le Covid-19 semble avoir reporté en librairie le besoin d’évasion, même si la hausse de popularité du neuvième art s’inscrit sur le temps long. La BD représente désormais un livre sur cinq acheté dans l’hexagone, même si « elle souffre encore de beaucoup d’a priori », selon Yves Chauvel.


La nouvelle librairie a ouvert ses portes fin août (Crédits : Julie Renson Miquel).

Le nouveau libraire n’a pas vraiment choisi le meilleur moment pour réaliser son rêve. « J’étais responsable commercial dans le web, et je me suis dit que si je ne faisais pas ça à 53 ans, je ne le ferais jamais. J’ai donc signé mon bail pour ce local… Le 9 mars. » Une petite semaine avant le premier confinement. L’ouverture est finalement repoussée à fin août, dans un été où les touristes ont déserté Paris.


Depuis le début de l’aventure, Yves a connu des chiffres en yo-yo. « Depuis l’ouverture je suis en progression, mais la fermeture en novembre a fait mal, se remémore-t-il. Puis le mois de décembre a été très chouette : en termes de ventes bien sûr. Mais j'ai surtout ressenti que les habitants du quartier avaient envie que l'aventure continue ».


L’importance du conseil


La clientèle, majoritairement locale, peut bénéficier des recommandations d’Yves. « A priori, les conseils que l’on donne ne sont pas trop mauvais si les gens reviennent », lance-t-il. Selon les profils, il mettra en avant le dernier opus de L’Arabe du futur de Riad Sattouf, bande dessinée la plus vendue de la “Caverne”, ou vous dirigera vers les derniers romans graphique : « Peau d’Homme de Zanzim et Hubert est ultra favori au Festival d’Angoulême », dont les résultats seront annoncés plus tard dans la journée du 29 janvier.

La clientèle peut bénéficier des recommandations d’Yves Chauvel (Crédits : Julie Renson Miquel).

Louise, une jeune libraire que l’entrepreneur a embauchée à temps partiel, vous conseillera mieux sur les BD jeunesse et les mangas. Ces derniers connaissent une progression de 18% en 2020 en France, avec en tête d’affiche les classiques Naruto, Death Note ou Demon Slayer. Pour les plus petits, on citera notamment les albums Mortelle Adèle. « Voir des petits prendre les bouquins à l'envers c'est formidable, ça m’émeut à chaque fois », sourit le libraire.


Bien évidemment, tout n’aura pas été rose depuis l’été. Le passage en click and collect, lors du confinement de novembre, n’a pas permis au libraire d’atteindre ses objectifs, et la clientèle de la librairie est encore en construction. « Pour l’instant, on grandit avec le bouche-à-oreilles ». Dans les semaines à venir, Yves travaillera sur le compte Instagram et un projet de newsletter hebdomadaire, pour garder le contact en cas de troisième confinement. « On est toujours dans l’incertitude, mais je reste hyper positif : nous on est ouverts, et c’est une vraie chance ».



(Crédits : Julie Renson Miquel)

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