top of page

Dans le Grand Reims, embarquement à bord du Vacci’bus

Pour vacciner les personnes âgées de ses villages, la communauté urbaine du Grand Reims a transformé un bus en centre de vaccination. Chaque jour, une trentaine de personnes y sont vaccinées.

Marie-Pierre Barbier présente ses papiers avant la vaccination (Crédits : Quentin Lazeyras)

« Vous avez déjà piqué ? Je n’ai rien senti ! », s’exclame Marie-Pierre Barbier, 80 ans, à l’infirmier. L’octogénaire vient de recevoir la première dose du vaccin Pfizer contre le Covid-19, non pas dans un laboratoire mais dans un bus, mis à disposition par la société de transport Transdev. Depuis le 19 janvier, le Vacci’bus sillonne la campagne, aux alentours de Reims, à raison de quatre arrêts quotidiens dans des communes de moins de 250 habitants. Chaque matin, le CHU de Reims fournit trente doses de vaccin, diluées sur place.


Au total, quarante-six villages de la Marne sont concernés. Mis en place par la communauté urbaine du Grand Reims, ce dispositif a pour objectif de vacciner les plus de 75 ans vivant en milieu rural. Originaire de la petite commune de Brouillet, 75 habitants, Marie-Pierre n’a pas hésité en apprenant qu’elle pourrait se faire vacciner au bas de sa porte. Pour elle, cela signifie surtout une visite prochaine de sa petite fille. « J’ai hâte de revoir des jeunes, ça va me revigorer ».


Vacciner en toute sérénité


Ce lundi 25 janvier, à Mont-sur-Courville, les vaccinations s'enchaînent sans accrocs. Mieux encore, deux doses supplémentaires de vaccin ont pu être extraites des flacons. Prévenu par la maire de son village, Claude Cugnier a sauté sur l’occasion, deux semaines avant ses 79 ans. « Il faut venir décontracté et faire confiance à la médecine », lance l’ancien édile et viticulteur, avant d’entrer dans le bus.


À l’intérieur, l’attendent Romain Lefèvre, médecin, et Aymeric Croizier, infirmier. Tous deux sapeurs-pompiers volontaires, ils effectuent cette mission sur leur jour de repos pour le service départemental d’incendie et de secours de la Marne (SDIS). Cet organisme, missionné par l’Agence Régionale de Santé, gère le personnel vaccinant. « Je n’ai pas hésité une seule seconde : on a besoin de nous, j’y vais », raconte Romain. Pour son collègue, c’est une très bonne initiative de proposer le vaccin dans les petites ruralités. « C’est parfois compliqué pour ce type de population de se déplacer ou de trouver quelqu’un pour les amener dans les centres de vaccination en ville ».

Marie-Pierre Barbier se fait vacciner dans le Vacci'Bus (Crédits : Quentin Lazeyras)

Chaque patient reçoit l’attention nécessaire. « On doit s’assurer qu’il n’y a pas de contre-indication à la vaccination », explique Romain. Au moindre doute, le médecin préfère ne pas prendre de risque. Une décision qu’il explique, en bon pédagogue, à Claude. Ce septuagénaire a été victime d’une précédente réaction allergique. Le médecin lui conseille d’attendre le vaccin AstraZeneca, dont l’autorisation par l’Agence européenne du médicament est attendue en fin de semaine.


Patiente suivante, Madame Demarque. « Mettez les mains sur vos genoux et tournez vos pouces : ça détend le muscle », lui conseille Romain. Quelques minutes plus tard, l’aiguille sort de la peau : le vaccin est terminé. « Maintenant, je me dis que je ne créerai plus d’angoisse à qui que ce soit », glisse la patiente, soulagée. Pour s’assurer qu’il n’y ait pas de réaction, elle doit attendre une quinzaine de minutes. Direction le fond du bus, où elle retrouve une voisine. La salle de repos improvisée prend un air de salon de thé. Le médecin sapeur-pompier sort une boîte de bonbons, les deux amies demandent de la musique. « Ça va être compliqué…», répond-il. « Vous savez, on est dans un petit village, ça ne capte pas très bien », renchérit la conductrice du bus.

Des personnes de plus de 75 ans attendent la vaccination devant le Vacci'Bus (Crédits : Quentin Lazeyras)

Une organisation millimétrée


« Dans les esprits, c’est un simple bus qui va passer de village en village, mais derrière il y a toute une logistique », détaille Philippe Salmon, maire de Crugny et conseiller communautaire délégué. Si la collectivité du Grand Reims a pu rapidement mettre en place ce dispositif, c’est parce qu’il a été « pensé et travaillé par des personnes compétentes ». De la prise de décision à la première vaccination, seulement une semaine s’est écoulée.


L’organisation est bien ficelée, malgré quelques détails à ne pas oublier. « Le plus compliqué, c’est le parking : il faut que ce soit plat », précise Jean-Charles Ramu, médecin-chef du SDIS 51. D’une part pour faciliter le travail des sapeurs-pompiers, d’autre part, « pour assurer la sécurité des personnes âgées et éviter une chute ». De son côté, tout ce que souhaite Philippe Salmon, c’est « éviter le grain de sable qui mettrait à mal cette opération ».


Seul inconvénient pour Jacqueline Lopata, mairie de Mont-sur-Courville : la prise de rendez-vous. Celle-ci se fait via une plateforme téléphonique qui ne prend pas toujours en compte la situation géographique des administrés. La plateforme est accessible à l’ensemble des personnes vaccinables de la collectivité. « Ça aurait été bien qu’il y ait un principe de priorité pour les habitants des villages », regrette-t-elle. Sur les quatre administrés de plus de 75 ans de sa commune, deux seulement ont pu obtenir un rendez-vous le jour du passage du bus.


Un problème d’emploi du temps qui ne se posera pas lors du second passage. Le vaccin Pfizer nécessite une seconde injection, quatre semaines après la première. Une date fixe est déjà actée, le 20 février. Romain Lefèvre a posé ses jours de repos pour y participer. « Vous viendrez prendre l’apéro, j’habite en bas de la rue », plaisante Mme Demarque. Le rendez-vous est pris.


bottom of page