top of page

« S’adapter, c’est aussi innover » : le festival Premiers Plans se réinvente

Salles de cinémas fermées ? Qu’à cela ne tienne, l’équipe du festival angevin a repensé l’évènement. Depuis lundi 25 janvier, la 33e édition se déroule en ligne. Une formule qui semble convaincre.



Affiche officielle de la 33e édition du festival Premiers Plans.

Les applaudissements des cinéphiles ne résonneront pas dans les salles de cinéma de la ville d’Angers pour cette 33e édition du Festival Premiers Plans. Rendez-vous emblématique de la vie culturelle angevine, il se déroule en grande partie en ligne depuis lundi 25 janvier. « Le Covid-19 n’a pas détruit les films ni le public, donc nous avons dû trouver une solution », explique Claude-Eric Poiroux, délégué général du Festival et propriétaire du cinéma angevin Les 400 Coups.


Mais à quel moment prendre une décision ? Comment anticiper une épidémie dont on ne connaît pas l’évolution ? Dès le mois de septembre, lui et son équipe ont commencé à travailler sur cette édition, tout en gardant en tête que tout pouvait subitement s’arrêter. « Ça vous empêche de dormir parfois », confie le créateur du Festival. À mesure que de nouvelles restrictions ont été prononcées, l’équipe comprend qu’il faut réajuster le tir. Ils songent à mettre en place une solution dans l’air du temps : remplacer les écrans de cinéma par des écrans d’ordinateurs ou de téléphone, en proposant une sélection visionnable en ligne.


Un film en un clic


Pour accéder aux films en compétition, plus besoin de ticket. Il suffit d’un lien (gratuit) pour propulser le spectateur dans une salle de cinéma virtuelle. Attention à ne pas rater la séance pour autant… « On garde le côté événement, avec un horaire précis et une présentation virtuelle du film », averti Claude-Eric Poiroux. Un souhait rendu possible grâce à la plateforme La Vingt-Cinquième Heure, créée en mars 2020 lors de la première fermeture des cinémas. En temps normal, entre 3 000 et 4 000 personnes assistent aux séances. Un nombre d’entrées qu’il espère atteindre par ce biais, mais il doute « que chaque spectateur soit seul devant son écran. » Disponibles sur réservation, les 400 liens ont rapidement trouvé preneurs. « On est complet tous les soirs », se réjouit le créateur du festival.

Les films en ligne à l'affiche du festival Premiers Plans (Crédits : publication Facebook de la page du festival)

En plus de la sélection de premiers films, le Festival offre aussi l’occasion au public de se replonger dans des classiques du 7e art. Pour l’édition 2021, Chantal Akerman et Federico Fellini sont à l’honneur. Mais cette année, plus besoin de faire la queue pour assister à une séance. Moyennant l’achat d’un pass, les films sélectionnés restent accessibles pendant un mois sur La Cinetek, plateforme de streaming dédiée aux grands films du XXe siècle. La formule semble séduire : à une semaine de l’ouverture, 600 pass avaient déjà été écoulés.

Pour l’heure, pas de problème technique à déplorer, juste un petit bug avec une réalisatrice ukrainienne dont le son du micro a été coupé en pleine rencontre. « On est soumis à la technologie », relativise Claude-Eric Poiroux. Pour anticiper d’éventuels problèmes de connexion, le festival diffuse la sélection en compétition gratuitement. « On offre au public ces films dans des conditions où l’on ne maîtrise pas tout », développe-t-il. Un seul détail est resté fidèle au « temps d’avant » : la contrariété du spectateur n’ayant pas réussi à obtenir de place. Et ça, Claude-Eric Poiroux n’y peut rien. « Tout le monde met de la bonne volonté, il y a tout de même un bon esprit parce que les conditions sont délicates ».


Voir plus loin que le bout de la pellicule


S’il a tout donné pour que le festival ait lieu sur place, « pas la peine de ressasser, on sait tous qu’on ne peut pas se réunir dans une même salle ». Mieux vaut se concentrer sur les quelques avantages de cette période. Mettre en place des rencontres par écran interposé avec un réalisateur en Russie, un intervieweur à Paris et un public éclaté sur le territoire : seule la crise sanitaire pouvait rendre ce scénario possible. « Toutes ces méthodes qu’on apprend, on en tirera profit pour les années à venir », envisage Claude-Eric Poiroux.


Et pourquoi pas continuer d’utiliser cette technologie salvatrice, qui « permet de rapprocher les gens ». Grâce à la plateforme La Vingt-cinquième heure, il suffit d’un écran pour transformer son salon en salle de cinéma. « On se rend compte que cette plateforme permet d’atteindre un public plus éloigné et qui ne peut pas se déplacer », s’enthousiasme-t-il. Les cinémas ne sont pas encore réouverts, mais il entrevoit déjà de nouvelles opportunités. Sans pour autant dénaturer le plaisir de se rendre dans les salles obscures, « on peut imaginer 400 spectateurs en physique, et 400 autres en virtuel ». Dans l’esprit de ce cinéphile multi-casquette, « s’adapter, c’est aussi innover ». « On pense être dans un monde qui va de l’avant, mais finalement c’est le Covid qui nous force à inventer », philosophe-t-il.

bottom of page