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Recherche : 1,8 milliard dans le quantique, des promesses pour les autres

Emmanuel Macron a dévoilé ce jeudi un vaste plan d'investissement dans les technologies quantiques. Mais le monde de la recherche continue de déplorer un manque de moyens dans les autres secteurs.

Emmanuel Macron au Centre de Nanosciences et de Nanotechnologies (C2N) - Yoan VALAT / POOL / AFP

Emmanuel Macron entend bien rattraper le retard technologique de la France sur les autres grandes puissances dans le monde. D’ici cinq ans, ce ne sont pas moins d’1,8 milliard d’euros qui devraient être mobilisés pour se donner les moyens de cette ambition, a annoncé ce jeudi le président lors d'une visite au Centre de nanosciences et de nanotechnologies du plateau de Saclay, l'un des hauts lieux de la recherche française. L'Etat devrait ainsi mettre sur la table 1,05 milliards d'euros, auxquels s’ajouteront 200 millions d’euros de financements européens. Quant au secteur privé, il devrait apporter 550 millions d’euros.


Des investissements conséquents


Dans le détail, le plan français prévoit ainsi près de 800 millions d'euros pour l'acquisition d'ordinateurs partiellement ou entièrement quantiques. Ces derniers permettent de diminuer significativement le temps de traitement d'une information. Par exemple, un ordinateur quantique calcule 16 fois plus rapidement qu’un ordinateur classique. Les autres enveloppes seront consacrées aux capteurs (250 millions d'euros) grâce auxquels sont effectuées des mesures de grande précision ; à la cryptographie post-quantique (150 millions d'euros) ; aux communications quantiques (320 millions d'euros) et aux technologies annexes qui permettent de construire les équipements quantiques (300 millions d'euros).



En résumé, le pays passera ainsi «de 60 millions d'euros par an» de dépenses publiques pour le quantique à «200 millions par an, ce qui le placerait à la troisième place derrière les Etats-Unis et la Chine», selon un conseiller de l'Elysée interrogé par l'AFP. En comparaison, les Etats-Unis consacrent 400 millions de dollars de dépenses publiques dans le domaine par an, ajoute l'Elysée.


Le monde de la recherche remonté contre sa ministre


Mais cet investissement est à remettre en perspective avec les demandes des chercheurs des autres domaines. Mobilisés depuis l'annonce de la loi de programmation de la recherche (LPR) en février 2019, et entrée en vigueur en janvier 2021, les chercheurs n'ont de cesse de revendiquer une amélioration de leurs conditions de travail. Parmi leurs demandes : un plan de titularisation massif des nombreux précaires, des créations de postes et des crédits de fonctionnement pérennes pour les laboratoires.


Or, la différence de traitement entre les différents domaines de recherches pose question. «Resteront en attente les sciences humaines et sociales qui ne font jamais l'objet de grande mesure de financement», regrette Benjamin Peutevynck, responsable des questions universitaires au Bureau national de l'Unef. «Le besoin de financement doit être pris en compte avant les objectifs fixés par un gouvernement», estime-t-il. Pour le syndicaliste, ces écarts de financement s'expliquent car «la recherche fondamentale n'a pas d'application technique et n'a pas l'idée de rentabilité», contrairement aux sciences dures telles que visées par le plan d'investissement pour la physique quantique.


Alors que la ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, Frédérique Vidal, présentait ses vœux mercredi 20 janvier au Musée de l'Homme à Paris, elle a répété une annonce connue depuis un an déjà : “dès 2021, 92 millions d’euros seront consacrés à la revalorisation” salariale pour l'ensemble des chercheurs. Un montant insuffisant si l’on se fie aux trois trois rapports portant sur le besoin de financement de l'enseignement supérieur remis au gouvernement depuis février 2019. Ces derniers estimaient en effet l’aide nécessaire au secteur entre 2 et 3,6 milliards d’euros.

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