top of page

«Sans masque j'ai l'impression d'être une anarchiste», l'Australie retrouve un semblant de normalité

Alors que la France se prépare à un troisième confinement, l’Australie sort la tête de l’eau. Le masque et les restrictions de sortie laissent place aux planches de surf, aux bières en terrasse et aux sorties dans les musées pour certains États. Témoignages de trois Françaises expatriées.

À Bondi Beach en Australie, la vie reprend son cours (Crédits : PETER PARKS / AFP)

Le goût de la vie d’avant, presque oubliée, reprend doucement son rythme à Melbourne. Longtemps désertes, les grandes rues jonchées de buildings interminables retrouvent leurs animations. Coline, serveuse dans un café situé sur l’un des axes principaux de la ville du Sud-Est de l’Australie, reprend progressivement ses habitudes. « Quand tout à ouvert on ne savait pas quoi faire. C’était étrange de se dire : allez on sort dans un bar ce soir. Ce n’est pas encore comme avant, mais on retrouve doucement une routine ». Pour assurer ses sorties, la Française expatriée doit scanner tous ses déplacements en passant par une application, mise en place par l'État de Victoria.


« L’ambiance est majoritairement positive »


En plus de pouvoir retourner au restaurant ou au musée, le port du masque n’est plus obligatoire depuis une semaine. « C’est difficile d’arrêter de le mettre. Quand je vais faire mes courses sans le masque, j’ai l’impression d’être une anarchiste, les gens me regardent de travers ». La jeune femme insiste. Il faut encore du temps pour que les habitants soient de nouveau à l’aise face à la normalité, encore effrayante. D’autant plus effrayante alors que la crise sanitaire persiste au-delà des océans. « Les gens sont comme partout, inquiets de la situation, mais l’ambiance est majoritairement positive. On peut se balader, tout est ouvert, tu peux même aller voir des concerts », relativise Erika Maria. La Franco-islandaise est tombée amoureuse de Sydney, sa nouvelle ville d’adoption là où elle évolue dans le secteur de l’hôtellerie-restauration.


En Australie seulement huit cas positifs au coronavirus ont été répertoriés jeudi 28 janvier. Si le pays se porte aussi bien aujourd’hui, c’est parce que le gouvernement a rapidement pris la décision de privilégier la santé de ses habitants plutôt que l’économie du pays. La fermeture des frontières en mars 2020, un strict confinement de plusieurs mois et des dépistages efficaces ont permis de contrôler la pandémie. Le pays a tenu son cap, sans jamais vaciller. « Le gouvernement ici est très réactif. Ils ont bien compris qu’on avait galéré. Aujourd’hui ils vont tout faire dès le moindre doute », explique Coline.


Des politiques efficaces


Face à l’apparition de dix nouveaux cas avant le Nouvel An, l’État de Victoria interdit et annule tous les rassemblements. « Ils étaient prêts à prendre des mesures drastiques très rapidement à n’importe quel moment ». Un constat également ressenti par Célia, fille au pair dans une famille à Sydney, la capitale et l’épicentre de la crise en mars dernier. « Ça a été très rapide. La première chose qui a fermé ce sont les plages. Je me revois à Bondi Beach. Les policiers ont évacué tout le monde d’un coup ».


Il y a un an et demi, Célia décide de remplacer le sable fin du bassin d’Arcachon par l’eau turquoise de Bondi Beach, son nouveau quartier australien. Après plusieurs semaines de confinement strict, elle retrouve les plaisirs d’une vie sociale, nocturne et culturelle. En plus de son travail auprès des enfants, l’Arcachonnaise travaille de nuit dans un bar et dans un café. « Je me sens très chanceuse d’être ici et de pouvoir travailler. À Sydney, le masque est encore obligatoire dans les lieux publics - chaque État à ses propres mesures - mais on est dans une phase plus facile, ça fait du bien ».

L’Australie se place huitième dans la gestion de la crise sanitaire

(Crédits : Capture d’écran de l’étude de l’institut Lowy de Sydney)


Selon un rapport, publié jeudi 28 janvier par l’institut Lowy de Sydney, l’Australie se place huitième dans la gestion de la crise, sur un classement de 98 pays. « En général, les pays ayant une population plus faible, des sociétés cohésives et des institutions compétentes sont favorisés pour faire face à une crise mondiale telle qu’une pandémie », indique l’étude australienne. La Nouvelle Zélande se place en première position. La France, elle, est 73ème. Le classement se base sur six critères principaux parmi lesquels figurent : les cas confirmés de nouveaux coronavirus, les décès et les dispositifs de dépistage.


« Quand je vois la situation en France, je trouve ça hyper décourageant. Nous on a l’impression que le covid est loin, qu’on a fait notre part », constate Coline. Pour rester en Australie, elle a dû changer son visa. Les frontières sont encore fermées, retourner en France et revoir ses proches ne sont pas des options envisageables pour le moment. «Je me sens tellement loin des problèmes de la France. J’espère juste qu’on aura une date pour savoir quand on pourra au moins y retourner pour des vacances », se questionne Célia. Erika Maria, un soupçon de culpabilité dans la voix, se réjouit quant à elle d’avoir vécu la crise sanitaire en Australie. « J’échappe à la situation en France et je me sens très chanceuse mais aussi un peu coupable. Ici j’ai des opportunités professionnelles et la vie sociale existe. C’est beaucoup moins morose ». La réalité actuelle de l’Australie est encore un rêve lointain pour les Français, mais on se remet toujours d’un cauchemar alors pourquoi pas cette fois-ci ?

bottom of page