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« Je n’ai jamais aussi bien dormi à Pigalle » : sommeil et couvre-feu font parfois bon ménage

Dernière mise à jour : 25 janv. 2021

Depuis le début de la crise sanitaire, la qualité du sommeil de plus de la moitié des Français s’est dégradée. Pourtant, grâce à la baisse des nuisances sonores, certains d’entre eux dorment mieux.

Le couvre-feu a permis à certains parisiens de trouver le sommeil (crédits XOSÉ BOUZAS / HANS LUCAS VIA AFP)


Le couvre-feu des uns, fait le sommeil des autres. « Ça fait 26 ans que j’habite à Pigalle et je n’ai jamais aussi bien dormi qu’en ce moment », raconte Refat, 67 ans, à sa voisine de palier. La jeune femme est du même avis que lui : « pour la première fois, je dors d’une traite, c’est vraiment reposant ». Ce changement, ils ne le doivent pas à une technique de relaxation venue d’ailleurs ou à de nouveaux médicaments pour rejoindre les bras de Morphée… mais au calme lié au couvre-feu, désormais fixé à 18 heures. Habitants d’une impasse charmante le jour, la nuit, la ruelle du XVIIIe arrondissement de Paris se transforme en un véritable cauchemar.


« Les fêtards s’installent en pleine nuit sous nos fenêtres pour terminer leur soirée, une conversation, ou assouvir une envie pressante, explique Hamouda. Ils oublient que quelques mètres plus haut, on roupille. » Depuis la fermeture des bars et des restaurants le 30 octobre dernier, Pigalle se tient sage. Place de la Constrescarpe, dans le Ve arrondissement de la capitale, Manon, 24 ans, profite également de ce répit. Elle qui peine d’habitude à trouver le sommeil avant deux heures du matin les week-ends, dort désormais sur ses deux oreilles à partir de 23 heures. « Il n’y a plus personne, c’est le vide total, explique la jeune femme. Je dors vraiment mieux.»


« En ville, on est contraint de cohabiter avec le bruit environnant »


Le bruit interfère avec la fonction récupératrice du sommeil, selon la docteure en neurosciences Marie Lacroix. « Souvent, le bruit est le premier facteur qui empêche le sommeil. Dans un environnement bruyant on va avoir un sommeil plus léger, passer moins de temps à dormir profondément », explique-t-elle. Ce facteur est pris en compte lorsque l’on habite près d’un aéroport, notamment grâce à des aides perçues pour insonoriser les habitations. « En revanche, en ville, on est contraint de cohabiter avec le bruit environnant », poursuit la docteure.


Pour observer si les nuisances sonores ont baissé, Bruitparif, l’observatoire du bruit en Île-de-France, a installé, dès le 15 mars 2020, une trentaine de capteurs au sein de huit quartiers animés de Paris, des Halles du Ier arrondissement au Canal Saint-Martin du Xème. Les faits sont sans appel. En huit semaines de confinement, les nuisances sonores liées aux activités humaines ont disparu de certains de ces quartiers riches en commerces, bars et restaurants ou espaces publics « fortement fréquentés en soirée et en début de nuit », relève le rapport publié en juillet dernier. Dès les premiers jours du confinement, l’enquête indique une baisse en moyenne de « 6 à 16 décibels (dB) entre 22 heures et 2 heures du matin » en semaine et de « 7 à 20 dB de moins selon les quartiers » le week-end. Lors du déconfinement, les niveaux sonores ont nettement augmenté sur ce même créneau, mais ils restent globalement inférieurs à ce que l'association avait observé l’année précédente, à la même période.

« Plus de 60% des Français ont constaté des problèmes de sommeil »


Mais si la diminution du bruit présente quelques avantages, on ne peut pas assurer que les Français dorment mieux depuis le début de la pandémie. C’est même le contraire, le sommeil n’a jamais été aussi dégradé. « Pendant le confinement, à cause de l’atmosphère anxiogène, il y a eu plus de troubles liés au sommeil », ajoute la docteure en neurosciences Marie Lacroix. Une enquête de Santé Publique France, menée depuis le 23 mars 2020 sur l’évolution des comportements et de la santé mentale pendant l’épidémie, révèle qu’en moyenne, plus de 60% des Français rencontrent des difficultés de sommeil contre 49% en 2017.

La guerre entre les Français et leur sommeil est à son apogée. Si leur adversaire est coriace, il existe des tactiques pour le mettre KO. Couvre-feu numérique, surveiller son alimentation, instaurer un rythme... Nicolas Goarant, auteur du livre Le sommeil malmené (éditions de l'Aube, 2020), vous explique tout. Enfilez votre plus beau pyjama de combat, la bataille de polochons est déclarée !



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