Les personnalités les plus fortunées s’enrichissent et l’écart entre les plus riches et les plus pauvres ne cesse de s’accroître, d'après un rapport d'Oxfam.
Pour eux, la crise est déjà finie. Neuf mois après le début de la récession, les mille plus grandes fortunes mondiales ont recouvré les pertes causées par la pandémie. C’est le constat que dresse l’ONG Oxfam dans son rapport annuel sur les inégalités publié lundi 25 janvier, alors que s’ouvre le Forum économique mondial à Davos. Les dix hommes les plus riches ont vu leur fortune augmenter de 540 milliards de dollars depuis mars 2020. Dans le même temps, de nombreux travailleurs suivent une trajectoire diamétralement opposée : la pandémie a entraîné la perte de 255 millions d’emplois en 2020. Pire, « il pourrait falloir plus de dix ans aux personnes les plus pauvres pour se relever des impacts économiques », note l’ONG, qui qualifie le Covid-19 de « virus des inégalités » .
2020, année du bénéfice pour les milliardaires français
Pour les milliardaires français, l’année 2020 est une réussite : « près de 175 milliards d’euros entre mars et décembre 2020 », soit « deux fois le budget de l’hôpital public français », selon le rapport d’Oxfam. Il s’agit de la troisième plus forte progression, derrière les États-Unis, emmenés par Elon Musk et Jeff Bezos, et la Chine. Le Français Bernard Arnault, troisième fortune mondiale, a amassé à lui seul 44 milliards d’euros sur l’ensemble de l’année. L’ONG insiste sur le fait que cette manne financière pourrait permettre de financer les vaccins au niveau mondial et d'amortir le choc économique. Un facteur essentiel alors que la pandémie a provoqué la plus grave crise de l'emploi depuis 90 ans. Au lieu de cela, les pays s’endettent pour relancer l’économie mondiale : 12 000 milliards de dollars doivent être injectés jusqu’à la fin de l’année, selon le Fonds Monétaire International (FMI).
« Mettre en place un système économique plus juste et durable »
S’appuyant sur les travaux de Thomas Piketty, Oxfam appelle également l’État français à adopter une politique fiscale ambitieuse consistant à taxer les plus grandes fortunes pour une meilleure répartition des richesses. « La crise du coronavirus doit marquer un tournant dans la fiscalité des plus riches. Elle nous offre l'occasion d'établir enfin une fiscalité juste, de mettre fin au nivellement par le bas et d'initier un nivellement par le haut. Cela peut prendre la forme d'une augmentation de l'impôt sur la fortune, de taxes sur les transactions financières et de mesures d'éradication de l'évasion fiscale », détaille le rapport.
Il y a trois mois, des associations caritatives ont estimé qu’un million de Français ont basculé dans la pauvreté. « Les gouvernements du monde entier ne doivent pas laisser passer cette opportunité de mettre en place un système économique plus juste et durable », affirme Quentin Parrinello, porte-parole d’Oxfam France. Exemple cité par l’ONG, l’Argentine a adopté en décembre une loi instituant un impôt extraordinaire sur les grandes fortunes afin de financer son plan de soutien à l’économie.