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Le temps du Covid donne des ailes au vélo

Dernière mise à jour : 28 janv. 2021

Geste barrière idéal pour éviter les transports en commun bondés, le nombre de Français à enfourcher un vélo pour se rendre au travail a augmenté depuis le premier confinement.

Des Parisiens roulant sur la piste cyclable de la rue de Rivoli à Paris. ©Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Des Parisiens roulant sur la piste cyclable de la rue de Rivoli à Paris. ©Christophe ARCHAMBAULT / AFP

C’est une discussion anodine entre collègues qui a poussé Christophe à se rendre au travail à vélo. Un changement de poste et une plus grande autonomie horaire achèvent de le convaincre. « La proximité entre la gare, mon travail et mon domicile m’a fait dire que je ne mettrais sûrement pas plus de temps qu’en voiture », explique le cadre de 50 ans. Depuis l’été 2020, il enfourche son VTT chaque matin pour relier son domicile à son travail : 24 kilomètres où il alterne entre vélo et train. S’il ne passe finalement qu’une quinzaine de minutes sur sa selle, elles lui suffisent pour s’aérer et décompresser : « Ça me permet de mieux séparer la journée de boulot du reste ».


La bicyclette séduit doucement (mais sûrement) de plus en plus de Français. Entre 2015 et 2020, le recours au vélo a progressé de 0,9 point au détriment de la voiture, indique le dernier bilan démographique de l’Insee, publié ce mardi. Cette croissance concerne particulièrement les communes-centres (les grandes agglomérations) et les distances comprises entre deux et cinq kilomètres. Début 2020, 6 % des actifs des communes-centres utilisent la bicyclette pour rejoindre leur lieu de travail, soit deux fois plus que sur l’ensemble du territoire, poursuit le bilan de l’Insee. Si le nombre d’usagers gonfle depuis cinq ans, cette tendance s’est accélérée depuis le premier confinement.


Dans son treizième bulletin “Fréquentation vélo et confinements”, l’association Vélo & Territoires, en lien avec le ministère de la Transition écologique et solidaire, enregistre pour l’année 2020 un nombre de passages de vélos sur les pistes cyclables françaises en hausse de 10 % par rapport à 2019. Périodes de confinement exclues, ce chiffre a même augmenté de 26%. Les injonctions à la distanciation sociale, difficiles à respecter dans les transports en commun, ont accéléré la fréquentation des pistes cyclables. Le vélo s’impose comme le « geste barrière » par excellence, considère Vélo & Territoires. Il semblerait que les Français se soient passés le mot.


« Les demandes ont explosé »


Il suffit de contacter les boutiques de vente et de réparation de vélos pour s'apercevoir qu’elles croulent sous le travail. A la question « avez-vous cinq minutes à m’accorder », nombreuses sont celles qui répondent « là tout de suite, je ne peux pas, c’est très serré » ou « désolé je dois vous laisser, j’ai un client ». Mais entre deux acheteurs, certains prennent le temps de se prêter au jeu de l’interview. Cinq minutes, pas plus.


« Les demandes ont explosé, on a du mal à suivre », confie Pierre, le gérant de « L’échoppe du 2 roues ». Installée à Rennes, la boutique a multiplié par trois son chiffre d'affaires depuis le début de la crise sanitaire. De la petite crevaison à la grosse réparation, « L’échoppe du 2 roues » bricole entre 15 et 20 vélos par jour. « On ne peut pas faire plus, on est obligés de limiter ». La cadence est soutenue, mais Pierre relativise. Il garde en tête les jours qui ont suivi le premier déconfinement. « Mon téléphone sonnait non stop toutes les dix secondes. En quinze ans de métier, je n’ai jamais vu ça ! »


Un engouement similaire à celui observé à « L’Echappée Belle », à Asnières-Sur-Seine (92). « Il y avait entre deux et trois heures de queue pour entrer dans le magasin, se remémore François, vendeur dans cette boutique de deux roues. Il y a énormément de nouvelles personnes qui se sont mises aux vélos. » Le succès est tel que la pénurie de vélos pointe le bout de son nez. « Les fournisseurs ont déjà vendu tout ce qu’ils pouvaient produire pour cette année. Les prochaines commandes arriveront en 2022, nous devons désormais compter sur notre stock en magasin. »


Incitations et aide à l’achat


Si le Covid-19 a favorisé le recours au vélo, des initiatives ont également contribué à démocratiser ce mode de transport écolo sur l’ensemble du territoire. « Près de 640 km d’aménagements cyclables de transition ont été mis en place par les collectivités », indique l’association Vélo & Territoires. Au niveau national, dès le mois de mai, le plan “Coup de pouce Vélo” a proposé une séance de remise en selle, ainsi qu’une aide financière à la réparation dans les ateliers partenaires. Le coup de pouce semble avoir séduit : le seuil du million de réparations était dépassé en novembre 2020, dépassant de loin l’objectif de départ fixé à 300 000 en décembre 2020.


Localement, les villes ont aussi incité leurs habitants à utiliser le vélo. A Brest, le personnel soignant de l'hôpital s’est vu proposer un abonnement gratuit de trois mois lors du premier confinement. Une mesure dont a pu bénéficier Chantal, secrétaire médicale au CHU de la Cavale Blanche. Se déplacer en vélo électrique, la quinquagénaire y songeait depuis plusieurs années pour des raisons écologiques. « Je ne peux pas réduire à moi seule la pollution, mais en arrêtant de me rendre en voiture au travail, j’apporte ma pierre à l’édifice », considère la cycliste. Neuf mois plus tard, elle paie désormais un abonnement et ne se voit pas revenir en arrière. Lorsqu’il prendra fin en novembre 2021, elle envisage déjà d’acheter son propre vélo.


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