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« On fait de la résistance » : à Paris, malgré le couvre-feu certaines épiceries restent ouvertes

Après deux confinements et avec le couvre-feu, certaines épiceries du 18ème arrondissement de Paris sont en difficulté. Pour limiter la casse, certaines restent ouvertes après 18 heures.


Dans le 18e arrondissement de Paris, certaines épiceries font de la résistance (Crédits : SOLENNE BERTRAND).

Aurait-on imaginé un jour l’épicerie d’Amélie Poulain fermée à 18h ? Les épiciers du bas de la butte Montmartre ont tranché. La réponse est non. Depuis la mise en place du couvre-feu à l’ensemble du territoire métropolitain, le 16 janvier dernier, ils doivent baisser leurs rideaux plus tôt. Une consigne qu’ils respectent à leur façon.

Il est 18h30 quand, Pierre, 28 ans, entre en trombe dans l’épicerie. Après une indication de Farid*, l’épicier, il se rend au fond de la boutique et trouve le sésame. Un pack de six bières Heineken. « Vous venez de sauver ma soirée foot entre copains », lance-t-il à son sauveur, installé derrière la caisse. « Je n’ai pas regardé le prix, mais je pense que même si vous me dîtes qu’il est à 20 euros, je vous le prends », plaisante-t-il. Il s’en sort pour moins de dix.

« La crise sanitaire, c’est les montagnes russes »


À peine a-t-il quitté les lieux, que Myriam, 37 ans, entre avec sa fille en poussette. L’ouverture de ce type de commerce après 18 heures est une aubaine pour la mère de famille. « Je n’étais jamais rentrée dans une épicerie avant la mise en place du couvre-feu, raconte-t-elle. Je récupère ma fille chez la nounou à 18 heures, je n’ai pas le temps de faire les deux ou trois courses qu’il me manque en fin de semaine. Ma voisine m’a donc donné discrètement l’adresse. » Comme elle, de nouveaux clients passent, tous les soirs, faire des achats d’appoint. Farid regarde, d’un oeil amusé, le bal de ces nouvelles têtes. « Je me sens utile parce que je les dépanne », confie-t-il. Il est encore trop tôt pour lui pour déterminer l’impact économique de ces nouvelles visites, mais il semble satisfait. « On n’a pas été épargné depuis le début de l’épidémie. La crise sanitaire, c’est les montagnes russes. Un jour on doit fermer, le lendemain on a le droit d’ouvrir et le jour d’après seulement jusqu’à 18 heures. Comment voulez-vous qu’on s’en sorte, notre chiffre d’affaire on le fait surtout la nuit ».

Ouvertes tous les soirs jusqu’à 21 ou 22 heures


À quelques pas de l’épicerie, Hicham* partage le même constat. Gérant d’une échoppe depuis un peu moins de cinq ans, il a également fait le choix de ne pas baisser le rideau de sa boutique à l’heure réglementaire. « On ne va quand même pas fermer à 18 heures, c’est beaucoup trop tôt. Alors on fait de la résistance ». Tous les soirs, il dispose une table dans l’entrée de son épicerie qui barre l’entrée de sa boutique. L’objectif ? Respecter les gestes barrières. Des étals de fruits frais, aux frigos de glaces et de sodas… Tout est ordonné pour servir au mieux les consommateurs nocturnes sur le pas de la porte. « Je reste ouvert jusqu’à 21 ou 22 heures ». L’épicier ne redoute pas les contrôles de police. Malek*, gérant d’une épicerie voisine, non plus. « On les voit passer parfois, mais je pense qu’ils ont autre chose à faire. De toute façon, il faut bien qu’on fasse notre beurre et au pire on prendra, une fermeture administrative, on n’est plus à ça près ».


*Les prénoms ont été modifiés

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