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Sami Acef : « Il ne faut pas compter que sur les fact-checkeurs pour éviter la désinformation »

Dernière mise à jour : 26 janv. 2021

Depuis le début de la crise sanitaire, les rubriques de fact-checking vérifient un nombre inédit d’informations. Un travail que veut faire valoir une députée norvégienne.


Une députée norvégienne a proposé la candidature des fact-checkers au prix Nobel de la paix. (Crédits : INA FASSBENDER / AFP)

La députée norvégienne Trine Skei Grande a proposé la candidature des fact-checkers au prix Nobel de la paix. (Crédits : INA FASSBENDER / AFP)


Le nouveau coronavirus a été fabriqué par l’Institut Pasteur. Le Covid-19 émane d’une soupe de chauve-souris. L’épidémie est une conséquence du déploiement de la 5G. Depuis le début de l’épidémie, le Covid-19 est l’objet de nombreuses fausses rumeurs. Face à ce flux d’informations erronées, les journalistes de fact-checking s’appliquent à vérifier les faits et les dires des internautes et des personnalités médiatiques. Faisant valoir que « la première victime d’une guerre, c’est la vérité », la députée norvégienne Trine Skei Grande, a proposé la candidature des « fact-checkers » de l’International Fact-Checking Network (IFCN), les vérificateurs des faits de 79 médias et organisations, au prix Nobel de la paix.



Éviter l’effet pernicieux

Un hommage aux vérificateurs d’informations qui ravit, avec modération, Sami Acef, journaliste à la cellule de vérifications de l’AFP. « Cette nomination est plutôt une bonne nouvelle, explique-t-il. Elle met en lumière le réseau de vérification. » Le journaliste redoute un effet pernicieux de cette nomination. « Il ne faut pas compter que sur les fact-checkeurs et le fact-checking pour résoudre la question de la désinformation. Il faut également miser sur l’éducation à l’esprit critique et aux médias. » Le journaliste ne remet pas en cause l’efficacité du travail des vérificateurs d’informations, mais face à un phénomène de boucle temporelle, qu’il observe depuis le début du mois de janvier, il s’interroge sur l’impact de leurs productions.


« Le thème du Covid-19 n’est pas lassant. Mais on a eu un contrecoup en voyant réapparaître des sujets qu’on avait déjà traités. Il y a un côté éternel recommencement qui peut être usant, mais ça fait aussi partie de la pédagogie, la répétition ».

Depuis un an, l’équipe de l’AFP factuel, composée de cinq journalistes permanents, de CDD et d’alternants, voit resurgir la question de la fiabilité de certains masques. Un sujet qu’ils avaient déjà traité des mois plus tôt. « En Français, 85% des actualités de fact-checking, que nous avons traitées, était en lien avec la crise sanitaire, confie Sami Acef. Le thème du Covid-19 n’est pas lassant. Mais on a eu un contrecoup en voyant réapparaître des sujets qu’on avait déjà traités. Il y a un côté éternel recommencement qui peut être usant, mais ça fait aussi partie de la pédagogie, la répétition. » Selon lui, le fait de répéter pose une autre question. Celle de la cible atteinte par la vérification d’informations.


« Un avant et un après Covid-19 »

Sami Acef s’interroge sur les lecteurs de leurs articles : « est-ce que les fact checks sont lus par les bonnes personnes ? » Selon lui, « l’enjeu est de trouver perpétuellement des nouveaux moyens de s’adresser aux personnes qui partagent des fausses informations, déclare-t-il. C’est ce que Facebook fait par exemple. » Depuis le mois d’avril, le réseau social envoie des alertes aux utilisateurs qui ont vu, partagé ou interagi avec de fausses informations sur le coronavirus. Une première pour un réseau social. Reste à savoir si ces « contrepoints » sont lus...


La pandémie aura eu comme conséquence notable d’attirer l’attention sur le travail des vérificateurs d’informations. « Il y a clairement un avant et un après Covid-19, mais pas au point de se dire que si tu vas dans la rue, 100% des personnes sauront en quoi consiste le métier. » Avec la crise sanitaire qui dure et la campagne présidentielle à venir, les rubriques de fact-checking gagneront peut-être de nouveaux lecteurs.

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